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Un cyclone qui a bien des choses à raconter





Pour qui serait tenté de chercher les causes du formidable ouragan qui a frappé l’île de Mayotte, il est prudent de prendre les devants et, à l’unisson de la presse française et des haut gradés de la politique, d’affirmer avec aplomb que deux dangereux discours ne doivent pas nous détourner d’un bon sens salutaire. 


Tout d’abord, la façon dont l’intempérie a frappé la population n’engage aucune responsabilité de l’Etat français. Le type d’habitat genre bidonville qui a été emporté par les vents de plus de 200 KM/h n’a rien à voir avec l’augmentation de la pression démographique. Ni avec la pauvreté d’ailleurs. Cette pression qui a causé depuis une dizaine d’années d’invraisemblables problèmes d’accès à l’eau potable et des conflits d’usage de l’espace comme de ressources élémentaires, n’y est pour rien dans l’ampleur du drame. En d’autre termes l’autorité excercée sur la vie quotidienne des Mahorais par la « métropole » n’a rien à faire avec le rattachement de  cette île à la France par un procédé d’autodétermination, disons, proto-colonial. Comme c’est indiqué sur les frontons des bâtiments publics de ce pays, les gens qui y vivent sont bien sûr tous égaux de même qu’ils sont parfaitement libres de rester ou de partir. Il n’y a aucune distinction entre ceux qu’on nomme les « métros », les sans-papiers, les vacanciers dorés des colloques et les citoyens mahorais fiers d’appartenir à une République tellement généreuse qu’elle les avait avalés sans y penser. 


Soit dit en passant, cette fameuse île française qui s’est fait dévaster par notre récent cyclone, cette île est, comme il se doit, isolée dans un océan vide. Tandis qu’elle avait été serrée à l’ensemble politique, culturel et géographique des Comores, elle n’a plus rien à voir avec ces sous-développés incultes vraisemblablement proches du terrorisme par affinité musulmane. Comme à une époque lointaine à propos d’un nuage radioactif qui avait respecté les frontières administratives françaises, la furie du ciel n’a touché que notre île gauloise. Elle n’a pas abîmé celles des Comores qui l’entourent et dont personne n’a entendu parler. Pas un mot là-dessus, s’il vous plaît, ils pourraient venir faire la manche à Paris. 


Une autre cause qui mérite qu’on la traite avec un dédain énergique car elle fait l’objet de fausses rumeurs désagréables tient à la détraque du climat. La tornade qui s’est abattue sur Mayotte n’a aucun rapport avec un réchauffement climatique qui sévirait sur le monde. D’ailleurs notre île a déjà été frappée, il y a un siècle, par semblable fureur, ce qui prouve que ce sont des choses qui arrivent, on n’y peut rien. Si cette mésaventure séculaire n’est pas mentionnée dans les annales, c’est que celle de 2024 ne fait que répéter une malchance fortuite. D’ailleurs, tandis que le gouvernement de la France se mettait calmement en place, personne n’a eu le mauvais goût d’insinuer qu’un dérèglement climatique avait eu raison de la paix environnementale d’une île protégée par sa bonne étoile. 


Je note surtout que d’un JT à l’autre, d’une revue à la suivante, journalistes et ministres désintéressés ont entonné, avec une discrétion de pâquerettes, un sobre récit sur des éléments de réflexion et des attitudes qui pourraient désormais éviter pareil saccage. Dans ce récit adossé  à l’image de Notre Dame qui s’est étrangement imposée, il n’est question que de protéger notre identité venue de la nuit des temps d’affamés intempestifs qui font moche dans le paysage. 


Au cas où ils en auraient assez de la réforme des retraites et de l’immigration qui sentent un peu le rance, nos messieurs-dames de la politique pourraient traiter de ces deux affaires, la colonisation illégale au regard du droit international et l’urgence environnementale, qui invitent ciroyens et élus dans la politique du pays avec de solides, de sérieuses questions à trancher. 







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Marc Hatzfeld, Sociologue des marges sociales
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